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de Belleville
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atelier d'écriture juillet 2007
ATELIERS
D’ECRITURE
Depuis 1990 un
groupe se réunit pour partager des ateliers d'éctriture.
A
chaque fois, même rituel. Un animateur propose des consignes. Chacun
écrit et, une fois le temps écoulé, chacun lit le texte qu'il a écrit.
La
règle est de respecter les écrits de chacun et de s'interdire tout
jugement négatif. mais on peut commenter par les évocations
personnelles suscitées par le texte. Selon les ateliers, différents
temps d'écriture sont proposés.
5
Octobre 2006 : Petites histoires, Grande Histoire
Animation : Serge Saltiel
Présents : Margaret Boët, Alexandre Boumendil, Julie Dedeyan, Béatrice
Desmazières, Marc Hélie, Patrice Hémond, Serge Saltiel.
1°) écriture effervescente : faire la liste des événements marquants du
20e et du début du 21e siècles que vous avez vécus.
2°) Choisir un des événements évoqués. Que faisiez-vous ce jour-là ?
3°) L’événement choisi était-il si important que cela ?
4°) Faire la liste des événements qui vous semblent les plus importants
dans le passé.
5°) Choisir un des événements anciens et raconter ce que vous auriez pu
faire ce jour-là.
ATELIER
D’ECRITURE – 5 OCTOBRE 2006.
PETITES HISTOIRES – GRANDE HISTOIRE
Margaret BOËT
1°) Evénements marquants du 20e et du début du 21e siècles
La mort de Martin Luther King et de John F. Kennedy, mai 1968, en 1969
les premiers pas de l’homme sur la Lune, 1975 la fin des « trente
glorieuses », le passage à l’an 2000
2°) Le jour où l’homme a posé les pieds sur la Lune.
C’est un évènement dont je me souviens très bien car, ce soir-là, je
fêtais mon anniversaire avec quelques amis dans un restaurant chinois
de la rue Saint-Sulpice. J’avais proposé à mes amies d’amener, s’ils le
souhaitaient, d’autres personnes. Nous étions une dizaine, à peu près,
et au cours de ce dîner, Liliane a fait la connaissance d’Henri, invité
par Jean-Charles, le frère de mon amie Françoise. Je crois que ce fut
un coup de foudre, ils quittèrent le restaurant en se tenant par la
main. Quelques mois après, ils se marièrent, et j’étais à la fois la
demoiselle d’honneur et leur témoin ! Comme dans les contes, ils
vécurent heureux et eurent deux enfants !
Lorsque nous sortîmes du restaurant, c’était une merveilleuse nuit
d’été, douce et lumineuse. Un beau croissant de lune brillait dans le
ciel bleu profond et j’étais très émue en pensant que, là-haut, il y
avait le premier homme à fouler le sol de notre satellite. En rentrant
à pied chez moi, je contemplais ce magnifique ciel parsemé de rares
étoiles, et je me sentais en harmonie avec l’univers.
3°) Etait-ce si important que cela ? Je ne sais pas, mais
c’était fantastique certainement. Il y a eu beaucoup d’autres
événements bien plus graves et pour certains bien plus décisifs que
celui-là. Cependant, fascinée comme je l’étais depuis des années par
l’astronomie, lectrice assidue de Jules Vernes et de livres de
sciences-fictions, cela me semblait être la concrétisation d’un rêve
extraordinaire : s’envoler vers les étoiles, découvrir d’autres
univers, d’autres planètes, d’autres mondes. Ce qui me parut aussi très
important, ce fut la vision de la terre, vue de la lune, notre planète
Terre, dans toute sa splendeur, dans toute sa fragilité, isolée et
guère plus qu’un grain de sable dans l’immensité de la galaxie et de
l’univers. Cela m’a permis de relativiser bien des péripéties de mon
existence ! Merci Einstein !
4°) Evénements importants dans le passé.
Charlemagne, l'Edit de Nantes, La Révolution Fr ançaise,
l’abolition définitive (en France) de l’esclavage, Pasteur et la
vaccination, la découverte de l’électricité, la construction de la Tour
Eiffel, l’invention du téléphone, les congés payés, sans oublier la
création de la retraite.
5°) Ce jour-là, pour tout vous dire, je ne savais rien de ce qui se
passait. Je ne l’ai su qu’après, lorsqu’un colporteur venant de Paris
nous l’a raconté. Donc, ce jour-là, ou plutôt, ce matin-là pour être
plus précise, je m’étais levée de bonne heure, dès les premières lueurs
de l’aube, car j’avais fort à faire. Ma fille Blanche, âgée de 16 ans à
peine, nous présentait son promis Jacques avec sa famille. Nous fêtions
leurs fiançailles. J’étais très émue et j’avais décidé de leur préparer
un plat de roi ! Dès matines, j’avais cueilli de beaux légumes tout
frais dans notre jardin, jolis navets bien roses, poireaux très
tendres, petites carottes nouvelles ; j’avais pris mon plus grand pot,
bien calé sur son trépied, dans la cheminée. Ce qui me donna le plus de
mal, ce fut d’attraper Noiraude ! N’étant plus de la prime jeunesse,
j’eus du mal à la coincer contre la haie, mais j’arrivai à m’en saisir
et lui tordis le cou prestement, avant qu’elle ne s’échappe. Après
trois bonnes heures passé à mijoter sur des braises ardentes, mes
invités enfin installés autour de la table recouverte d’une nappe d’une
blancheur éclatante, j’apportai enfin ce met délectable dont ils se
régalèrent copieusement et me complimentèrent. Vous pensez si je m’en
souviens, car le jour où le Roi signa cet édit, c’était la première
fois que je servais une poule au pot ! Vive Henri IV !
ATELIER D’ECRITURE – 5 OCTOBRE 2006
PETITES HISTOIRES – GRANDE HISTOIRE
Alexandre BOUMENDIL
1°) Evénements marquants du 20e et du début du 21e siècles
1995 attentats dans le RER à Paris, 1989 démolition du mur de Berlin,
2°) Que faisiez-vous ce jour-là ?
Pendant les attentats dans le RER, je travaille dans un magasin le
soir. Après le travail, je regarde les informations et je panique parce
que ce drame a eu lieu, et j’ai peur.
En 1989, la chute du mur de Berlin, cet événement historique : après
que ce mur est cassé, on peut passer à l’est pour rejoindre l’ouest, la
joie des allemands et la fête.
4°) Evénements importants dans le passé.
1889 Construction de la Tour Eiffel sur une idée de Gustave Eiffel
5°) 1889 Evénement de la construction de la Tour Eiffel, on pourra
monter à la tour et voir la vue sur Paris et prendre des photos et des
dessins de ce monument.
ATELIER D’ECRITURE – 5 OCTOBRE 2006
PETITES HISTOIRES – GRANDE HISTOIRE
Julie DEDEYAN
1°) Evénements marquants du 20e et du début du 21e siècles
Mai 1968
2°) Mai 1968. Que faisiez-vous à ce moment-là ? 3°)
Etait-il si
important que cela ? Sans aucun doute. Dans l’instant, nous serons 7 à
la fac de droit d’Aix à ne pas se présenter aux examens, alors que la
France entière aura gratuitement brevets, bacs et licences… Je
redoublerai donc ma 2e année de droit. Je quitterai Aix pour Paris
encore plus vite que prévu, menacé par les nervis de l’OAS. Finis les
sciences économiques, nous voilà en socio… à Nanterre. J’intègre un
groupe anarcho-maoïste très élitiste – nous étions bien 70 – « Vive La
Révolution » ! « Changer la vie » ce que nous voulons ? Tout, tout de
suite. Branchez-vous sur la révolution, jouissez sans entrave. Dans la
foulée, la création du F.L.J. (Front de Libération des jeunes) viendra.
Le FRAR (pour les homos) et enfin le MLF où nous étions 20 au départ.
Dans le même temps un charmant bambin voit le jour ; ce sera une
réflexion sur l’éducation (la changer), une crèche sauvage de Nanterre,
des Beaux-Arts, école parallèle, mémoire de maîtrise sur cette même
éducation. La liste est encore très longue… Je crois même avoir quitté
Hubert, mon premier mari, dans l’air du temps, après avoir expérimenté
de multiples relations sentimentales. 2006 Aldo Naouhri sort un bouquin
pour la fidélité dans le mariage… les temps changent, sans nostalgie ni
regrets, j’ai bien vécu.
4°) Evénements importants dans le passé.
La défaite de 1940 : La France est à terre, la ligne Maginot enfoncée,
le gouvernement s’installe à Vichy avec un maréchal Pétain béni-oui-oui
devant l’occupant, célèbre pour se faire célébrer dans toutes les
écoles « Maréchal, nous voilà ». De Gaulle à Londres. Le 18 Juin qui
réussira in extremis à associer la France…
La Commune
5°) Qu’auriez-vous pu faire pendant la Commune ?
Petite soubrette parisienne, je vois le soleil se lever sur la butte.
Le temps est clair, il fait doux, Nicolas, mon promis, mitron rue des
Abbesses arrive essoufflé, transpirant, hilare : « Y a des barricade en
bas de la Butte, y ont tiré la charrette du Père Louis, y ont mis les
tonneaux de la « Tonnelle fleurie ». Y ont même des pioches, des
pelles, font des tas de pavés, pi de la paille, y a même des mousquets,
y font la farandole et y attendent la troupe. Nanette vient vite,
donne-moi la main, remets ton bonnet ». – « Que va dire le Père Jean,
je dois nettoyer la salle ? » - « Laisse le Père Jean où il est,
viens-t’en avec nous, les parisiens, à bas les versaillais ! »
ATELIER D’ECRITURE – 5 OCTOBRE 2006
PETITES HISTOIRES – GRANDE HISTOIRE
Béatrice DESMAZIERES
1°) Evénements marquants du 20e et du début du 21e siècles
Novembre 1963 assassinat de Kennedy, l’âge des surprises-parties, les
tours jumelles le 11 Septembre, le Tupolev s’écrase au Bourget, le
Concorde vole, j’étais là. Le Concorde arrête de voler. Le TGV parcourt
Paris-Lyon, puis d’autres itinéraires. 2006 ouverture du musée Branly,
projet de musée au jardin d’acclimatation en vitres. La Bibliothèque
Nationale de France. Réparation du rocher des singes au zoo de
Vincennes.
2°) Le 11 septembre 2001. Que faisiez-vous ce jour-là ?
C’était le 11 Septembre, je rentrais chez moi, venant de chez ma mère.
J’allume dans l’après-midi très peu fort la télévision et je me mets à
faire des trucs dans l’appartement, jetant, quand je passais devant, un
coup d’œil sur l’écran et faisant de même avec la bande son. Jusqu’à ce
que je m’arrête car les images dépassaient toute politique fiction en
puissance. Et en plus, elles étaient la réalité qui venait juste là de
se passer. Réalité que toutes les télévisions allaient repasser en
boucle dans les heures suivantes, commenter à n’en plus finir. Mais à
quelques minutes près, j’étais là, spectateur percevant le réel
historique par le hasard d’une télévision allumée un après-midi.
3°) Cet événement était-il si important que cela ?
Dans la dimension historique, les attentats du 11 septembre allaient
déclancher de la part des Etats-Unis « guerre contre le terrorisme »,
laquelle devait s’avérer interminable en Irak et ailleurs. La voie de
la diplomatie entre les pays de culture musulmane et les autres était
difficile. Le moindre petit fait exacerbant les passions politiques
diverses des uns et des autres. Dans l’absolu, le terrorisme fait peur.
Il s’en prend à des civils. Dès que je sors dans la rue, que je prends
un train ou le métro, ou l’avion, je cours un risque. Et ce risque,
paraît-il, je le crée chez moi puisque la majorité des accidents a lieu
au domicile des accidentés. Donc quel est le risque que je crains le
plus ? Je dirais aucun, étant prudente chez moi et vivant le présent à
l’extérieur.
4°) Evénements importants dans le passé.
1515 Marignan – 1789 la Révolution Française – 1871 La Commune et ses
barricades – Les guerres du Premier Empire de Napoléon – La guerre de
14-18, la guerre de 39-44 – Le 6 juin 1944 le débarquement des alliés –
1944 on donne le droit de vote aux femmes en France.
5°) Le 6 juin 1944. Qu’auriez-vous pu faire ce jour-là ?
Nous avions été à l’écoute de la radio, toute la nuit, ainsi que des
bruits qui nous semblaient suspects. Des proches nous avaient avertis.
Le débarquement risquait d’être sur nos côtes et ces jours-ci du début
du mois de juin. Nous étions concernés, notre maison était à 15 km de
Luc sur Mer, entre Ouistreham et Courseulles. Alors que nous somnolions
dans nos fauteuils, le chien se mit à aboyer. Il était à peu près 5
heures du matin. La porte ouverte dans le ciel plein de parachutes
clairs se balançaient. On a réuni nos quelques mots d’anglais pour
prendre contact. Le sourire sur les lèvres, on a sorti nos provisions
du garde-manger, ouvert la grange pour ceux qui voulaient dormir.
Quelques heures après, des jeeps, des tanks arrivaient au village. Nous
avions eu de la chance. Les Allemands étaient partis sans combattre et
aucun dégât important n’était signalé, aucune victime non plus. Parmi
ceux arrivés en jeeps quelques « Français de Londres » chargés
d’organiser un gouvernement provisoire une fois la capitale libérée. Ce
ne serait pas sans combattre, tout le monde en était conscient.
ATELIER D’ECRITURE – 5 OCTOBRE 2006
PETITES HISTOIRES – GRANDE HISTOIRE
Marc HELIE
1°) Evénements marquants du 20e et du début du 21e siècles
2000, 1er janvier mort d’un cancer généralisé de Marc Forest, mon
dessinateur de BD. 1968, j’étais sur les barricades parisiennes, je
jetais des petits pavés avec Michel Polnareff. 1972, 24 décembre, j’ai
vu, avec ma petite amie, « La Belle et le Clochard » au cinéma George V.
2°) Mai 1968. Que faisiez-vous ces jours-là ?
J’étais sur les barricades, je jetais des petits pavés. Pour acolyte,
j’avais Michel Polnareff. Dès que nous étions en manque de munition,
nous partions nous réfugier dans un café tout proche nous revigorer et
reprendre des forces, dans le boulevard Raspail, il y en a beaucoup.
Une fois requinqués, nous retournions jeter des petits pavés sans trop
de conviction, juste pour la forme, ne pensant qu’à une chose, aller
calmer notre envie de boire et de manger.
3°) Etait-il si important que cela ?
Vous savez, nous étions finalement cinq individus à nous retrouver dans
ces deux ou trois cafés du Boulevard Raspail. Nous y parlions arts,
musique et même composition. En fait, pour nous les excités du moment
il n’y avait aucune différence entre les moments artistiques et les
ruées combatives. Comme à l’accoutumée nous nous battions contre qui,
mais contre tous les autres, l’important n’était pas de vaincre mais
d’être assez fort pour pouvoir continuer à se battre. L’important était
de continuer à vivre l’œil planté sur l’avenir, sur le futur, toute
façon le présent n’existe plus.
4°) Evénements importants dans le passé.
Que faire de ces maures, qui ont envahis l’Espagne et dans peu de temps
nous aurons écrasés à Poitiers ? Une seule chose possible, j’irai, moi
Charles Martel, et quelques émissaires proposer suffisamment d’or pour
les acheter.
5°) Mort de Kennedy, le mois de novembre 1963, c’est un assassinat et
moi que fais-je ? Pour la première fois de mon existence, je prends
chez mes parents évidemment ma douche ! J’apprends alors à la radio que
le président américain s’est fait tuer. Personnellement j’ai terminé ma
toilette, me suis vêtu et me suis mis à la fenêtre comme tout le monde,
comme si le fait d’être au balcon allait me permettre de voir tout ou
partie de la tragédie qui s’était déroulée aux USA.
ATELIER D’ECRITURE – 5 OCTOBRE 2006
PETITES HISTOIRES – GRANDE HISTOIRE
Patrice HEMOND
1°) Evénements marquants du 20e et du début du 21e siècles
L’autodétermination du peuple algérien (vers 1962), la fin de la guerre
d’Indochine sous Mendès-France (vers 1954 ?), le premier disque de
Johnny H., la vogue des Beatles, Mai 1968 « Libérez nos camarades » (la
prise du Théâtre d’Orléans pendant deux heures), la première guerre
d’Israël au Proche-Orient (1967), Tchernobyl (28 Avril 1986), la fin de
l’U.R.S.S., la fin du mur de Berlin, la fin de la guerre en 1945 (je
n’étais pas né).
2°) Tchernobyl. Que faisiez-vous ce jour-là ?
Je partais faire une randonnée en Corse, sur la « Strada tra mare e
monti » (route entre mer et montagne). Auparavant, j’étais allé voir
une exposition aux Serres d’Auteuil sur les plantes carnivores. C’ est
plus tard que je me suis demandé si je n’avais pas été victime de
retombées radioactives en Corse, mais j’étais tout à fait à l’ouest de
l’île, et elles avaient eu lieu plutôt à l’est. Le premier jour, en
Corse, j’avais eu n léger coup de soleil, car début mai, il faisait
déjà chand dans le maquis. Il y avait plein de plantes et de couleurs.
A ce moment je ne savais pas reconnaître les arbousiers, les cistes,
etc. J’utilisais des filtres colorés pour mes photos, de temps en
temps. Le 4e jour, à peu près, je m’étais un peu égaré dans le maquis,
j’avais appelé ma mère, affolé, puis j’avais trouvé le chemin, j’étais
en slip de bain et je m’étais griffé sur tout le corps. Ce jour-là,
aussi, j’avais trouvé un canif suisse, que j’ai toujours. J’étais
arrivé dans un village accessible seulement à pied et par la mer. Des
gens avaient soigné mes égratignures.
3°) Etait-il si important que cela ?
Oui da ! La plaisanterie de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie
Atomique, financée par l’industrie nucléaire), très pince sans rire,
comme quoi il n’y aurait que 29 morts paraît de plus en plus ridicule ;
au dernières nouvelles, ce sont des centaines de milliers de « pompiers
» qui ont été chargés, de gré ou de force, pour arrêter l’accident et
construire le sarcophage, de faire le nécessaire ! De toute façon, il
fallait intervenir. Ces « pompiers » aujourd’hui souffrent de diverses
maladies : perte des cheveux, atteintes de la moelle osseuse et bien
d’autres. Aujourd’hui, vingt ans après, la région est restée
inhabitable. En France, le professeur Pellerin, du S.C.P.R.I. (service
central de protection contre les rayonnements ionisants) a proclamé que
les nuages radioactifs s’étaient arrêtés à la frontière, mais ils ont
fait quelques incursions dans la Drôme, la pleine d’Alsace, la Haute
Loire, la vallée des Merveilles dans le Mercantour (Alpes Maritimes),
l’Est de la Corse, etc. En Biélorussie, beaucoup d’enfants sont
atteints. Le Professeur Bandajevsky, enfin libéré, et ses amis ont
lancé une campagne visant à leur faire prendre de la pectine de pomme
très efficace contre les radiations. On peut leur acheter des bons pour
de la pectine de pomme en s’adressant à l’association « Enfants de
Tchernobyl », ou à la CRIIRAD. Sans recherche médicale de la part des
autorités, il est difficile de faire le point sur le nombre de
personnes malades ou décédées suite à Tchernobyl. A mon sens, cela
concerne plus d’un million de personnes. Les gouvernants, compromis
dans le lobby nucléaire, ont toujours cherché à minimiser, l’impact de
cette catastrophe, la plus grave du 20e siècle si l’on met de côté les
guerres.
4°) Evénements importants dans le passé. La vie de Confucius et le
confucianisme. La vie de Bouddha. Les juifs arrivent en Terre Promise.
La chute de Babylone, César franchisant le Rubicon « Alea jacta est ».
La guerre de Troie. Le premier marathonien, en Grèce antique. Le
baptême de Clovis, un symbole pour les débuts du christianisme en terre
païenne, bien après la conversion d’un empereur romain dont j’oublie le
nom (Constantin). L’invention de l’imprimerie moderne. La Montgolfière
de la fin du 18e siècle. La création des étangs et ruisseaux de
Boulogne et de Vincennes sous Napoléon III.
5°) Le baptême de Clovis. Qu’auriez-vous pu faire ce jour-là ? Clovis a
retourné sa veste. C’est dégueulasse. Cet hypocrite, ce faussaire
adhère à cette religion d’esclaves
; Je m’embarque pour la Bretagne (autrefois nom de la Grande-Bretagne).
Vive les Celtes, que Clovis a trahis. Vile les cornemuses, les
guimbardes et l’hydromel, le bestiaires des dieux, la célébration de la
jouissance ! Le roi des Francs avait des problèmes avec l’Eglise, il
aurait passé un arrangement avec eux « je vous soutiens et vous ne
dites rien de ce que vous savez sur mon passé » ! Sa conduite avec les
femmes, ses nombreuses trahisons : pourquoi devient-on puissant ? En
reniant ses idées par opportunisme. Ça me dégoûte. Notre folklore est
vivifiant, les religions de nos peuples sont l’expression des forces de
la nature. Clovis adhère à cette religion incompréhensible où Dieu est
unique mais formé de trois personnages. Son fils a été crucifié. On
invite à manger sa chair et à boire son sang, comme s’il faisait partie
du bétail. La doctrine de cette religion tient en trois ou vingt pages,
tandis que pour celle de nos dieux, il faut un gros tome pour chaque
dieu. Le sexe est ligoté, avoir plusieurs épouses est interdit, et
l’homosexualité est un péché. La nudité, un jour, je vous le dis, sera
aussi interdite. C’est la négation du corps, le divorce d’entre le
corps et l’esprit, la répression sexuelle. Pourtant, Clovis est connu
pour ses aventures féminines. Par cette histoire de Jésus, on met
l’homme au centre de la religion, et non plus les forces de la nature.
Dieu est descendu sur terre sous la forme d’un homme : que ne
prenait-il la forme d’un bouc ou d’une licorne ? ATELIER D’ECRITURE – 5
OCTOBRE 2006
PETITES HISTOIRES – GRANDE HISTOIRE
Serge SALTIEL
1°) Evénements marquants du 20e et du début du 21e siècles
Mai 1998, Mai 1968, mort de Martin Luther King, juillet 1969 : premier
pas de l’homme sur la lune, 1972 mort de Pompidou, arrivée de Giscard,
10 Mai 1981, 14 Juillet 1989, les grèves de 1995, la coupe du monde
1998, 11 Septembre 2001, 21 Avril 2002.
2°) Mai 1968 - Que faisiez-vous à ce moment-là ?
Le 3 mai 1968 j’allais avec mon père visiter le tombeau de Napoléon aux
Invalides ; le 3 mai 1968 on nous annonce que le tombeau est fermé
parce que c’est l’anniversaire de la mort de l’Empereur ; toujours
surprenant, même 150 ans après sa mort ! Le 3 mai 1968 on commence
aussi à occuper la Sorbonne. Un rouquin rigolard juif allemand montre
partout sa tête sur les écrans. Et l’affaire monte, comme une sauce
gigantesque et imprévue, comme l’eau sur un barrage qu’elle a fini par
crever. Deux faits exceptionnels : on coupe la télé, on a le droit de
sécher les cours ; alors forcément, on sèche. C’est comme ça que j’ai
manqué les cours de M. Decesse sur Baudelaire ; il avait un seul élève,
un d’extrême-droite, un nommé Antoine, mais pas celui qu’on connaît :
du genre petit, tondu et pas drôle. Maintenant que j’y pense, M.
Decesse, il ne devait pas être content d’avoir un seul élève ; pour un
seul élève, se déranger ! Sans télévision et sans cours, je me promène
dans le XVIIIe arrondissement ; je n’ai même pas pensé à jeter du pavé
; maintenant, ce n’est pas près de revenir. Pompidou se pointe, de
Gaulle chevrote, et tout reprend : la télévision, les cours, mais M.
Decesse avait fini sur Baudelaire. Il fait beau en juin ; on repart en
congés. Un rendez-vous manqué avec l’esprit.
3°) Etait-il si important que cela ?
On a longtemps cru que c’était très important, mai 68 : une nouvelle
ère, un nouvel air. On a longtemps cru qu’on allait voir après, qu’on
allait voir ce qu’on allait voir. Et on a vu. Sur une table du lycée
Jacques Decour, peut-être pendant un cours de M. Decesse, un élève
avait inscrit : « Ne dites plus oui papa, dites crève salope ». Ce
n’était sûrement pas un cours sur Baudelaire. (Antoine aurait graffité
: « Vive Hitler ! » ou « Ordre nouveau »). Pas très élégant,
passablement vulgaire, mais du moins le sens était clair. C’était mai
68, il est interdit d’interdire, CRS=SS, sous les pavés la plage. Au
dessous, d’une autre écriture : « Ne dites plus crève salope, dites oui
père ». D’une autre écriture ; donc pas le même, ou alors le même qui
aurait maquillé son écriture. Ça voulait dire qu’après avoir goûté de
l’anarchie, on revenait à la case départ, et même plus loin, encore
plus affreux qu’avant ; on était passé de papa à père ; encore plus
guindé, pète-sec, teigneux, pas marrant, cravaté. Après tous les mois
de mai, eût dit la Palice, arrivent les mois de juin. En juin 1968
comme le rappelait le texte précédent, on est reparti en congé. On a
donné une majorité triomphale aux gaullistes. Ça fait trente-huit ans.
Maintenant les patrons ont moins de cravates, mais plus de
stock-options, ils rigolent toujours autant, parce qu’ils ont autant de
fric. On a dépavé le boulevard Saint-Michel : on ne sait jamais. On
s’en est servi pour repaver les plages.
4°) Evénements importants dans le passé. Triomphe de César, mort de
Néron, couronnement de Charlemagne, mort de Jeanne d’Arc, Marignan
1515, mort de Louis XVI, couronnement de Napoléon. Août 1914 début de
la guerre. Hiroshima.
5°) Le Triomphe de César. Qu’auriez-vous pu faire ce jour-là ?
Le grand César est arrivé à Rome pour son triomphe ; glissons-nous
parmi la foule romaine et bigarrée qui va admirer le grand homme. Le
grand homme arrive vêtu de pourpre et d’or, le front orné d’une
couronne de lauriers. Il guide d’un air négligent un attelage de huit
chevaux couverts de pourpre et d’or, mais pas de lauriers. Il a l’ai
indifférent, mais ce n’est qu’une façade ; on voit qu’il triomphe.
Derrière le char, arrivent d’autres chars, pleins des richesses pillées
en Gaule. Tout au bout, derrière, arrive Vercingétorix, couvert de
chaînes, qui ne sont ni d’or ni de pourpre mais de fer. César l’a gardé
des années en prison pour son triomphe ; il a une belle tête mais il
est rancunier César. Tout le monde se bouscule pour voir le grand
homme, qui se donne l’air de plus en plus indifférent. Des esclaves
jettent des pièces d’or sur la foule ; j’essaie d’en attrape, mais
c’est difficile, tant il y a de monde. On commence à étouffer ; j’ai
envie de m’en aller. Pourtant, des événements pareils on n’en voit pas
tous les jours. Il paraît que ce soir César va offrir au peuple du pain
et des jeux du cirque. Couronnement d’une journée unique, pareil à la
couronne du grand César.